Je compte les années et je ne suis pas sûre que le nombre de pas que
nous ayons fait soit supérieur à celui-ci. Je ne sais pas s'il y a une
date de péremption, d'ailleurs je n'ai vu aucun code barre. Je connais
maintenant par cœur chaque mot qui nous compose. Je peux me souvenir de
tes phrases en fermant les yeux. Si je n'écris plus autant qu'avant,
c'est parce je n'ouvre plus mon bloc note les nuits où je pense à toi.
J'aimerais que tu sois là même si je sais que je n'aurais que ton ombre
dans mon dos. Parfois je réfléchis au temps qui file entre mes doigts.
Je le confond de plus en plus avec ton silence. Ou devrais-je dire tes
murmures. Parce que c'est ça, ce que tu fais. Tu murmures, tu me
murmures des choses et tu finis par rejoindre le silence. J'attends dans
le noir que tu apparaisses de n'importe quelle façon. Bien souvent tu te
cognes à mes rêves. Tu me bouscules et tu m'aimes. Pas trop tôt. Seul
mon inconscient a le goût de tes baisers. De ta peau contre la mienne et
de ta voix qui ricoche dans mon oreille. Je peux te sentir, te toucher,
te fuir et te revenir. Mais tout ceci n'appartient qu'à la nuit. Nous
ne sommes que deux êtres aux rendez-vous nocturnes rythmés par une envie
qu'on ne peut oublier. Quand elle est à son apogée, j'éclate mon
clavier et sonne à l'entrée en agressant d'une main révoltée l'espace
pour te dire combien tu m'as manqué.