Qui suis-je, en un texte.

Qui suis-je, en un texte.


J'aurais juré que j'existais. Je n'étais en fait que morceaux de chair, d'os cassés, parfois biscornus, une bouche coupée, un teint pâle, une poitrine opulente, un regard hautain, des cheveux délavés, une vision troublée, une alliance à la main gauche, deux grains de beauté sur la joue droite, un mètre soixante six, une tige de métal perforant la langue, deux traits d'eye-liner plus ou moins similaires et quelques stries à même la peau. J'errais entre vous, je devenais peu à peu l'air, l'eau, le ciel, la terre, et le feu. Les éléments m'avaient déchaînée, j'étais devenue la fille du temps. Je mesurais chaque coup de pendules, d'horloges, de montres, de réveil, d'écran et de cadran. Je vivais de soleil et mourais de nuit. Peut-être l'inverse. Je n'étais plus que l'effluve de moi-même. Simple souvenir mis en flacon. Je pensais qu'un jour on dévisserait le bouchon, qu'on me sentirait et que je valserais avec l'âme qui aurait effectué ce geste. J'avais rêvé qu'un jour, je laisserais une trace de mon être qui était destiné à n'avoir tout juste qu'un passage éphémère. Je voulais être limpide et brûlante. Enivrante et déroutante. Je désirais qu'on ne m'oublie pas et qu'on me pleure chaque soir. Je n'étais pas un morceau de coeur dans ta poitrine. J'étais l'intrus malhabile.