Qui suis-je, en un texte.

27 septembre 2012

Noctambules des parade la .


Les lumières artificielles des lampadaires forment des halos à distances régulières. J'entre dans le cercle, pensant à comment jouer la scène. Attendant qu'il me rejoigne, je songe aux mois passés. Les musiques d'ambiances ne sonnaient pas rassurantes, même aux heures les plus tardives. De loin, j'ai l'impression qu'il n'arrivera jamais puisqu'il ne se presse pas. Vais-je jouer la comédie, dire que ça ne m'a rien fait ? S'il m'a donné rendez-vous, c'est, peut-être, parce que je lui ai manqué ? Faire attendre une femme seule, dans la nuit, n'est pas très prévenant. D'ailleurs, l'a t-il jamais été ? Après tout, peu m'importe. Il nous a fallu assez de courage pour venir, je ne dois pas tout gâcher avec mes pensées. J'aurai des choses à lui dire. Elles ne seront pas faciles à prononcer alors je ne dirai certainement rien. Il arrive enfin. Je le vois puis il disparait. Il réapparait au fur et à mesure des lampadaires. Je déteste cette scène. J'ai l'impression qu'il sera toujours sous le feu des projecteurs et qu'il maitrisera à jamais les jeux de lumières. Pas besoin de techniciens, il sait comment réussir un bon spectacle. Partagée entre l'envie qu'il s'approche de moi plus vite et le sentiment amer qu'il m'a laissé la dernière fois, je choisi de chasser toutes émotions. Je me vois un peu comme une dompteuse qui ne sait pas encore si elle va dompter comme toujours ou se faire manger. Une chose est sûre, c'est que je ne veux pas perdre. Mais il me saisit déjà par la taille et plonge ses yeux défiants toute raison. Je vais me faire avoir et je le sais. Je veux détourner mon regard mais il m'hypnotise. Comment est-ce possible, d'avoir tant de volonté une seconde puis de tout laisser se dérober la seconde d'après ? Je veux crier qu'il m'a fait mal et qu'il aille torturer une autre femme. Ça ne sera pas difficile pour lui, je ne suis qu'une proie de plus ajoutée à son tableau de chasse. Pourtant je ne suis pas l'animal effarouché qu'il croise sur les sentiers de sa vie. Je pense avoir été la plus combative mais ça ne suffit plus. Ses mains remontent jusqu'à mes épaules puis se noient dans mes cheveux. Cette fois, je perds lamentablement mais ce qui me console, c'est que je perçois qu'il perd, lui aussi. En même temps que moi. Subrepticement, il observe la couleur de mes lèvres. Il doit se dire qu'il ne risque rien, qu'elles ne sont pas d'un rouge sang. L'instant semble s'être figé dans le temps. Il observe ce qu'il voit dans la nuit tamisée. Ses lèvres ne se touchent plus. Un filet d'air fait barrage. Je crois qu'il est tellement obnubilé dans le fait de ne pas me laisser partir qu'il a oublié de contrôler son visage. Je savoure ce détail qui n'appartiendra qu'à mon souvenir. Posséder quelque chose dont il ne s'est pas rendu compte me fait oublier que j'ai froid. Mes mains cherche son cou et je m'y accroche. Je ferme les yeux et fais le vœux, au plus profond de moi, qu'il oublie demain et qu'il se souvienne de cet échange caché.