Qui suis-je, en un texte.

4 septembre 2012

Immaculée chemise la.


J'avais mes clefs dans les mains et je regrettais déjà d'être assez anxieuse pour les remuer dans ma poche comme si je jouais à mélanger les numéros du loto dans une grosse boite transparente. Je déteste l'odeur que ça laisse sur les doigts mais il était un peu tard pour y songer. Alors que je recevais un texto en guise d'avertissement d'arrivée imminente, je pus enfin calmer mon impatience et ma légère angoisse. Une silhouette se dessina dans le couloir et s'avança progressivement vers moi. En réalité, elles étaient au nombre de trois mais je ne voyais que celle du milieu. La pièce d'à-côté était carrée mais pas très grande. Une vitre l'agrandissait et permettait aux curieux de connaître l'identité des gens qui se trouvaient à l'intérieur. On me dépassa et je m'assis près de la machine à café. Le tabouret était un peu trop grand pour moi alors j'ai prié mentalement pour ne pas tomber et attirer des dizaines de paires d'yeux. Grand merci, je pus garder une certaine dignité pour une fois. J'attendais donc résolument la fin de l'entretien de rigueur pour enfin avoir la chance de parler à mon tour. Quelqu'un que je ne connais pas vint me parler de choses futiles, d'autres encore moins intéressantes. Tandis que je répondais poliment, je sentais des regards se diriger sur moi. Parfois vifs mais surtout insistants quand je ne regardais pas aussi longtemps. J'étais à mon tour l'observée, alors que je n'étais pas dans la pièce vitrée. L'observatoire se retrouvait de l'autre côté. Ce retournement de situation me fit perdre le fil de la conversation banale que j'entretenais depuis dix minutes. Enfin, je fus de nouveau seule. Quand l'entretien fut terminé, la silhouette du milieu se sépara de ses hôtes et prit un café sans sucre. J'étais étonnée mais une fois la surprise passée je l'ai salué. Sa chemise blanche était immaculée et contrastait avec la veste. En lui serrant la main, j'eus une décharge électrique. Au sens littéral. Un coup de jus qui me fit ouvrir des yeux ronds et me fit sursauter. Nous avons discuté pendant une durée indéterminée. J'essayais de garder la distance mais ce fut difficile face à ces ondes, ou ces forces mystiques, qui semblaient vouloir me pousser en avant. Je descendais de mon tabouret de bar en oubliant de faire attention. Il était l'heure de repartir. Je me suis avancée pour enlever une poussière sur son épaule. Je sais comme l'apparence compte pour lui. Je me suis aussitôt reculée en relevant le menton car j'étais plus petite sans tricherie. Nos yeux se sont dit au revoir dans un silence, nos mains droites se sont étreintes une deuxième fois, nos voix se sont répondues en même temps que tous nos gestes. Je regardais sa bouche comme j'aurai regardé un tableau qui me plaisait. Je me suis rendue compte que j'avais été démasquée. Je suis partie avec tout cela, lui laissant le soin de me voir m'éloigner.